Néant
Aphone
compagnon de l'obscure béance,
L'ennui -- borgne, glaireux prédateur
abyssal,
Déploie son blanc filet, cette lune spectrale,
Où
sombre, si profond, le soupir du silence.
Abîmé chuchotis,
la barge maraudeuse,
Il arpente, muet, la nimbe de trachée,
Cataracte
érodée, solitaire nymphée,
Géode
couronnant les limbes cafardeuses...
Son murmure chétif à
l'agressive main
N'écope les sanglots ni tragique chagrin,
Le voile
syncopé des râles indiscrets,
Un
féroce geyser déchire ses blancs rets !
Et l'angoisse rugit
! hurlement corrosif,
Fontaine de frayeur où jaillissent les
cris,
L'abominable coeur du néant compulsif !
Guillaume Kulich - 09/2008
Illustration - Oeuvre du Paolo Troilo