SANS TITRE ET SANS NOM

 

Ils ont fredonné des mots de non-Amour,

De ces mots chimériques aux caresses brumeuses…

Dans l’éclatant sourire de leur iris empire,

Les vagues océanes, comme houle d’invite.

 

C’est vrai qu’ils étaient beaux et c’est vrai que j’ai cru,

Blanche et neuve blafarde assassinée…

De la rose à l’épine, à peine un bout de feuille,

Mais la feuille n’est rien qu’une fange d’écume.

 

Ils ont griffé ma peau de leurs ongles de maîtres

Et caressé mon ventre de leurs doigts affamés,

Ils ont mêlé leur souffle et le feu du plaisir

A mon gémissement sous le désir défait…

 

On eût dit un vaisseau voulant vaincre la mer,

Un de ceux qui se sentent puissants

Sous l’adroite manœuvre des voiles au vent,

Fendant l’éternité pour gagner l’horizon.

 

Ils ont creusé ma tombe en rythmant leur cantique

Et de leur cou tendu vers le ciel septième,

Ont saisi l’étoile acérée par l’épuisant labour

D’un corps docile au regard déserteur.

 

J’ai vainement cherché les embruns d’un visage

Sous l’attente éperdue froissée de désespoir,

Guettant les mots d’Amour,  comme pluie d’arc en ciel,

Attentive au murmure câlin sur un lit de fougères.

 

Sur mes poignets de lait, j’ai rêvé d’un baiser…

Sur la nuque, un frisson à la hanche ondulante…

Entre mes doigts, le sourd battement

D’une écorce vivante à nulle autre pareille.

 

Comme il est douloureux, le mystère

Du visage inconnu aux lèvres de velours,

Qui viendra effeuiller une à une chaque nuit,

Pour défriper l’aurore au rivage inventé !

 

Je veux rester aveugle aux fugaces élans,

Sourde aux chants d’un charme baladin,

Car il est un visage soyeux à l’âme non fardée,

Dont le sombre regard rencontrera le mien.

 

Je sais peut-être un lien, une étreinte de l’âme,

Quelque part en demain, renaissant des détresses

De ces liens invisibles qui se laissent toucher,

Enlacer et ployer, sans pouvoir se ternir.

 

De l’épine à la rose, à peine un bout de feuille.

Mais la feuille n’est rien qu’une fange d’écume…

Et l’écume revient sans cesse, nonchalante,

Indifférente au temps ravageur d’espérance. 

 

Patricia Romanet-Faucon