La nuit de mille ans

 

  

Au fond d’une nuit de mille ans,

Le galop d’un cheval terrifié

Déchire la brume glaciale

De l’aube assassinée.

 

Soleil. Plein soleil dans l’azur

Trompeur de bleu doré.

Le ciel poignarde sa proie

Sur le lit de l’exil.

 

Ils sourient de leurs dents de neige

Entre leurs lèvres d’ébène

Et leur chant traverse le désert,

En berçant la jeune captive.

 

De son ongle, un trait violacé

Signe son sein de marbre.

Aucun baiser ne saurait effacer

L’épitaphe au sang de l’oubli.

 

Kaolak. L’ombre blanche

Au fond d’une nuit de mille ans

Effleure encore, silencieuse,

La poussière du temps immobile. 

 

Patricia Romanet-Faucon