Fracas-mémoire

Depuis le front buté de sa noirceur amère,
La nuit rageuse étend sa morsure épuisante
Jusqu'à plomber les draps, de faux-semblants lunaires
En couperet d'acier à l'ombre éblouissante.

Je voudrais à mains nues ravaler quelques heures
Et d'un trait de ciel bleu repeindre en ta jeunesse
Un sourire ingénu. Mon encre en deuil effleure
Ton regard enfermé s'enfuyant des détresses.

Nuit blanche à ériger la couleur de tes yeux,
Deux puits d'or à noyade en mon fracas-mémoire...
Les regarder encore en flamboyant un feu
Et peut-être en ce geste adoucir ta nuit noire...

A Mathieu, qui s'est donné la mort cette nuit.

Romane - 27 avril 2005