Dis…
Dis, mon océan…
Mon océan décoiffé,
Echevelé,
Toi aux mèches éparses sur le lit-Aventures,
Toi mourant, toi renaissant,
Que fais-tu dans le temps que les hommes appellent « vie » ?
Dis…
Dis mon océan…
Mon océan grondeur,
Murmurant,
Toi au chant de mort par-dessus les vivants
Au chant de vie par-dessous le ciel changeant
Toi qui parles au marins, aux amoureux, aux oiseaux,
Emporte moi…
Il faudrait un ciel plus noir
Un ciel plus bas
Et le vol d’un oiseau entre lui, entre toi
Ventres frôlés, le sien, le tien…
J’ai marché. Longtemps. Je ne me souviens plus d’avant.
Demain…
Demain vient en chaque instant que dévore ma course éperdue.
Je m’enfuis.
Je m’enfuis par delà la déchirure de vos barbelés.
J’ai creusé l’instant dans ce temps qui n’en finit pas.
Brèche-sang, brisure, blessure.
On ne guérit pas des mots assassins.
Je m’enfuis…
Le sable se fendille à la désespérance…
Tes yeux pleurent là-bas, derrière, si loin déjà…
Je ne me retournerai plus jamais.
Le sable s’ouvre et l’océan murmure…
Le ciel se referme lentement,
Presque sans bruit
Par-dessus l’obscurité en dedans moi…
Je m’enfuis de vos guerres
De vos vengeances de pères
De vos colères d’hommes
Des duels emporte-femme
Des coupe-feurs
Des rêves décapités
De l’amour fait sans lui
Des mots jetés aux ordures…
Je m’enfuis et vous ne comprenez pas que je ne reviendrai pas.
Patricia Romanet-faucon