Trou de mémoire

  

 

 

Je tends les mains vers l’inconnu

Où tu résides désormais,

De cet amour, toi que j’aimais,

Je n’en suis jamais revenu.

Tu es partie il y longtemps

Je ne sais plus, depuis je pleure,

Tu es partie il y a une heure

Ou bien peut être il y a cent ans.

Le temps se perd dans une brume

Comme en des voiles de dentelles

Et ne laisse dans ma cervelle,

Qu’images qui se consument.

Elle s’arrête notre histoire

Faite de rêves dérivants,

Sans toi je vis ou fais semblant

Que reste-t-il de ma mémoire ?

La mort de l’autre est-ce cela,

Ne plus attendre mal ou bien ?

Tu n’es plus et je ne suis rien

J’étais tout quand tu étais là.

Mourir n’est rien mais c’est l’après

De ce côté-ci du miroir

Que demeure le désespoir

A l’ombre de quatre cyprès.

Nous nous étions accaparés,

J’étais toi, tu étais moi,

Nos mimétismes siamois,

Ne pouvaient vivre séparés

C’était écrit et c’est ainsi,

Il ne me reste pour destin

Que ce refuge incertain,

Limbes neutres : l’amnésie,

Ce n’est pas certes, disparaître

Mais ce n’est plus tout à fait être.



Roger Vidal 13 mai 2005

 

musique : Raymond  Weidner - Elegy for Strings