RUPTURE

 

 

 

Les amants retrouvés, ont enterré décembre

Etoiles secouées et retombées en pluie,

Mille et cent confettis, leurs papillons de nuit,

Une jonchée de fleurs, sur le sol de leur chambre.

Blottis l’un contre l’autre, au creux du même lit,

Ils se sont reconnus, au jeu du qui perd gagne,

En noyant l’univers sous des flots de champagne,

Comme si, dans les bulles, se distillait l’oubli.



Leurs habits dispersés, aux vents de la passion,

Gisent, témoins muets, d’un incendie éteint,

Leur reflet estompé dans le miroir sans tain,

Danse en leur souvenir, le temps d’une vision.

Ils ont rompu, soudain, la glace solitude,

Repris la même chambre, pour les mêmes moments,

Certains d’avoir trouvé le bon médicament,

La seule solution : créer des habitudes.



Et ils se sont aimés, sans rien se demander,

De l’impossible amour qui est le leur, depuis

Qu’ils s’aiment, pour l’année, en une seule nuit,

Jusqu’au bout du rêve qui les a transcendé.

Dans cet instant magique où la vie se déchaîne,

Il s’est fait en leur cœur, merveilleux tintamarre,

Ils ont coupé les ponts et rompu les amarres

Et gommé de leur tête, le souvenir des chaînes.



Leur cadeau de noël, n’était pas un mensonge,

L’un à l’autre donnés, moment tant espéré,

Déchirés si longtemps, si longtemps séparés,

Ils ont vécu à plein, jusqu’à la fin du songe.

Ils se sont isolés, comme pour quarantaine,

Voyageurs embarqués pour une même errance,

Ils n’ont plus laissé d’eux, qu’un semblant d’apparence,

Ils ont appareillé, pour des îles lointaines.



Oh gisants consolés dont les fièvres s’apaisent !

Elles se sont réunies les deux moitiés de pomme,

Leurs chairs ont fusionné, noyau d’un même atome,

Leurs corps sont modelés dans une même glaise.

Ils ont claqué leur porte à la barbe du monde,

Puis leur bouche, leur cœur, leur âme refermés,

Que vogue leur navire, sur une mer calmée,

Se sont unis, enfin, dans une fin du monde.



Ils n’ont plus, désormais, pour seule référence,

Que cette destinée qu’ils viennent de choisir,

Ils ont doublé le cap des peines et des plaisirs

Et, à la société, tirent leur révérence,

D’un même battement, hors toute vanité,

Par cette volonté qui les a réuni,

Ils entrent rayonnants, lucides, infinis,

Dans le rêve absolu de leur éternité.



Roger VIDAL