LES  PURS  DU  MONT  SUR

 

Dans les brumes du temps me revient ton histoire

Et la mienne du coup douloureuse soudain

Toute de noir frangée par ceux dont la victoire

N’a laissé que silences ou des mots de dédain.

Et pourtant tu es là transperçant les nuages,

Et  percutant le ciel et nous offrant l’azur

Par tes portes ouvertes depuis le moyen age

Toi qui défies le temps ici sur le Mont Sur.

Tu ne serais je crois qu’un banal fait divers

Si je te connaissais seulement par les livres

Mais je reviens vers toi dans le cœur de l’hiver

Pour te voir estompée sous quelques doigts de givre.

Et te voila tremblée au doux fusain des bruines

Enveloppée d’éther aux vapeurs des fantômes

Mystiques et torturés qui veillent sur tes ruines

Ah ils sont toujours là à errer, tes bons hommes.

Ils erreront ainsi en ces lymbes, flottant 

S’inventant pour leur songe, une autre dimension,

Comme une éternité qui se jouant du temps

Va se réaliser en reincarnation.

Demande de conter l’histoire à chaque pierre,

Celle qu’elles ont vécue et non celle qu’on dit

Qu’elles nous disent Corba et Roger ou bien Pierre

Les prières des purs,  l’épopée des faidits.

Ils n’étaient déjà plus ou si peu de la terre

Le consolamentum avait rompu les chaînes

Dérivant consolés vers l’infini mystère

Ils étaient déjà loin des plaisirs et des haines

Ils ont brûlé là haut déjà si prés du ciel

Hors du temps et des pierres lancées au trébuchet

Leurs yeux  voyaient déjà derriere l’arc en ciel

Leur apparence seule a brûlé au bûcher.

Car ils furent deux cent ou plus, à tant aimer

Ces purs, ces non violents que l’on disait parfaits

A monter vers le ciel en la même fumée

Mais c’est tout un pays que l’on avait défait

Et cette terre ici, garde la cicatrice,

L’herbe ne pousse plus où ils furent immolés

Les cramats sont  partis au champ du sacrifice

Mais leur âme est restée à jamais consolée.

Vous les purs qui aviez pensé un autre Dieu

Qui avec votre foi, le mieux coïncidait

Qu’importe la doctrine et qu’importe les cieux ?

Il reste qu’on vous a tué pour vos idées.

Moi je ne sais de vous que votre non violence,

En ces temps où tuer était loi de saison

 Le redirais-je assez ? Vous étiez en avance,

Hors toutes religions, c’est vous qu’aviez raison.

 

Roger Vidal 16 juillet 2005

 

 

musique : Spiritus Domini - GIUSEPPE MIGNEMI