PARTANCE
Déjà, le temps a passé…
La vie, c’est comme une eau vive
Qui
coule le long des rives,
Coucou, aujourd’hui j’arrive,
Coucou,
demain, je suis passé…
Rivière qui va, sans retour
Et qui, sur ses bords, dépose
A chaque instant quelque chose,
Là, un pétale de rose
Un petit ruban noir, autour.
D’où sont ces feuilles qui tombent
A chaque
gouffre, abandonnées ?
Et d’où viennent ces fleurs fanées,
Qui
vont, images des années,
Du berceau jusqu’à la tombe ?
Un aïeul s’est perdu ici,
Une mère s’est
arrêtée,
Là un enfant fût emporté
Là-bas, une épouse est restée
Et tout prés, une sœur aussi.
Il n’est besoin
d’aucun linceul
Aux eaux vives en partance
Pour attester de leur
présence,
Serait-ce donc leur silence
Qui nous laisse toujours
plus seul ?
Ils sont partis si loin de nous,
Nos jours de pluie, nos arcs-en ciel,
Nos paradis artificiels,
Les ont suivi jusques au ciel
Eux qui étaient tellement nous.
Et ils sont des autres univers,
Que nos rêves
seuls atteignent,
Quand les étoiles s’éteignent,
Ceux-là où nos
cœurs qui saignent,
Retrouvent les soleils d’hiver.
Avec eux, toute notre vie,
Sur la lune ou la
grande ourse,
Inverse soudain, sa course,
En remontant vers la
source,
L’origine de toute vie.
Et il n’est pas
d’autres matins,
Ni d’autres songes achevés
Où nous puissions
les retrouver,
Eux que nous avons tant rêvé,
Dans la nuit de nos
yeux éteints
Roger VIDAL