Conscience

 

 

 

 

 

Il est l’étoile au ciel d’hiver,

Etincelle d’une seconde,

Les mystères de l’univers

Celui du temps, des mers profondes,

Pour nous dire qu’on est au monde.

Il est le miel ou la vanille

Et les saveurs à reconnaître,

Tel le grain d’une myrtille

De tous les fruits qui restent à naître,

Pour nous donner le bonheur d’être.

Il est l’odeur des nuits fraîches,

Des pinèdes sous le givre,

Ou bien celle des foins qui sèchent,

Aux senteurs fortes qui enivrent,

Pour nous prouver qu’on aime vivre.

Il est l’or sur les forêts rousses,

Comme aux palettes des artistes,

La soie du velours des mousses,

Le vert d’un sapin qui persiste,

Pour nous apprendre qu’on existe.

Il est l’oiseau au paysage,

Comme une offrande de la vie

Et puis la pluie sur nos visages

Et nos désirs et nos envies,

Pour comprendre qu’on est en vie.

Il est le temps aux gens qui passent,

Les fleurs semées, les fleurs cueillies,

Notre reflet dans une glace

Que le miroir a recueilli,

Pour nous montrer qu’on a vieilli.

Philosophes, votre science,

Connaît-elle plus important

Qu’une lueur de conscience

Où qu’un éclair de temps en temps ?

C’est presque rien, c’est tout pourtant.

Car pourrions-nous seulement être,

Comme est l’eau ou comme est le vent ?

Vivre n’est pas seulement naître,

Se contenter d’être arrivant

Mais c’est savoir qu’on est vivant.


Roger VIDAL