LA  COMMUNE

 

 

 

 

 

L’histoire a retenu certains de vos prénoms,

Il reste, de ce temps, le souvenir, Louise,

Où les rues de Paris, sonores de vos noms,

Buvaient la liberté par grappes de cerises.

Paris, vêtu de noir, de rouge, ce printemps,

Chantait la Sociale, son amour, sa promise

Et vos cœurs prolétaires étaient grands tant et tant,

Qu’on aurait pu les voir, battant sous les chemises.

Des écrits de Vallès, jusqu’aux vers de Clément,

Des tableaux de Courbet, aux chansons de Pottier,

Rayonne le talent et si complètement…

La générosité, c’était vous touts entiers.

Pendant que Mac Mahon, conditionnait l’armée

Où que Thiers trafiquait avec les allemands,

Que Galliffet rêvait de vous assassiner,

Vous, vous abolissiez le travail des enfants.

Et vous faisiez des lois pour tous ceux qui travaillent

Et vous mettiez à bas, la colonne Vendôme,

Alors que sur vos murs, s’écrasait la mitraille,

Vous pensiez le bonheur, l’éternité de l’Homme.

De la tête et du cœur, vous étiez autrement,

Pour Versailles, bien sur, vous étiez réfractaires

Et même vos symboles étaient nobles et grands,

Tel l’échafaud brûlé sur la place Voltaire.

Pour eux les travailleurs, n’étaient que lie et boue,

Du haut de leur mépris, vous étiez « La racaille »

Vous, les hommes à genoux, vous les vouliez debout,

Ainsi était Paris, ainsi était Versailles.

Delescluze, Brissac, votre printemps est notre

Et notre, ce grand soir dont vous aviez rêvé,

En faisant si grand cas, vous, de la vie, des autres

Et si peu de la votre, coulant sur le pavé.

Varlin, Flourens, Ferré, mes frères assassinés,

Toi Louise Michel, toi ma sœur d’élection,

Enfants anonymes, aux balles, destinés,

Vous les cent mille œillets de la révolution,

Fédérés inconnus, tranquillement héros,

Victimes, un soir de mai, de l’horreur versaillaise,

Communards fusillés, place du Château d’eau

Ou bien à Belleville ou au Père Lachaise,

La commune, c’est vous, de vous, elle fût nourrie,

Avec vous, elle mourut et mourut l’espérance

Et les goûtes tombant des cerises mûries,

Ont partagé en deux, à tout jamais, la France.

Perdue avec vos vies, notre histoire à Paris,

Le mur des Fédérés, notre présent, passant

Et la rue Ramponneau, le camp de Satory,

Ont fait mien ce passé, écrit de votre sang.

Elle demeure à vif, cette ancienne blessure,

La chanson de Clément, notre actualité

Et nos rêves et nos vies, pour toujours se mesurent,

A une barricade, au goût d’éternité.





Roger VIDAL