Aux capitaines des sables
J’ai lu dans vos yeux, la détresse profonde,
Devant l’écran télé, j’ai
questionné le ciel,
En quête, sûrement, d’espoir artificiel,
Vous étiez si loin… A l’autre bout du monde.
Je guettais le
signe qui n’est point parvenu,
Pouvait-il franchir l’espace solitude ?
Des lors sont tombées toutes mes certitudes
Sur l’absolu divin…
Vous étiez là touts nus.
J’avais seize ans, j’aimais la vie et je
cherchais…
Capitaines des sables, des bidonvilles,
Gavroches de
Bahia, tels ceux de Belleville,
C’est vers vous que soudain, la balance
a penché.
Bouches fermées, sans voix, au silence accompli,
Plaintes retenues, pierres dans les poitrines,
C’est votre
non-dit, que cachent les vitrines,
De cette autre Amérique, aux
poubelles remplies.
Je suis des vôtres, enfants, à la rue, délaissés,
Je suis de vos chansons, aux rythmes de samba,
Je suis de vos
taudis, où, pour vivre, on se bat,
Je suis de ces trottoirs, sur les
quels vous poussez.
Je suis de vos passions et de vos souffrances,
Mes frères écrasés du mépris des repus,
Mes frères oubliés, nés
d’un peuple rompu,
Je suis de vos refus, de vos désespérances.
Je suis de vos espoirs et de vos désespoirs,
A tout jamais, de
vos révoltes condamnées,
De vos rêves en couleur, toujours assassinés,
J’attends, avec vous tous, que monte le grand soir.
Je suis de
vos luttes, je suis de vos ghettos,
Alors que le vieux monde, craque de
partout,
Vous êtes l’espérance et l’Avenir surtout,
Si l’univers
l’ignore, il le saura bientôt.
Roger VIDAL