ADIEU
C’était l’autre matin quand je t’ai dit adieu,
Au dessus de ma tête, un
nuage a crevé
J’ai regardé là haut, le ciel était tout bleu
Il y
avait du soleil, et pourtant il pleuvait.
Je te voyais si prés, ainsi à
la renverse
Et je devinais bien une ondée traversière
Qui
tombait dans tes yeux en une pluie d’averse
Dont les goûtes perlaient au
bord de tes paupières.
Et j’ai eu peur de moi, peur de nous, de la vie
Vécue au compte-gouttes par lambeaux de fractions
De notre
réunion au bonheur indivis
Toi qui étais entrée en moi par effraction.
Et tu me regardais, moment inoubliable
Tes yeux et ton regard
perdus dans le lointain
Aux confins du chagrin aux contours impalpables
Et tu étais si belle que j’ai eu mal soudain.
Je ne t’ai pas
redit nos différences d’ages
Ni de ne pas m’attendre ou bien de
m’oublier,
Je préférais te dire qu’avec l’eau des nuages,
Je
ferai des perles pour tresser tes colliers.
T’ais je vraiment dit ça ?
J’ignore exactement
J’aurais voulu te dire les mots que tu aimais
Les mots qui te piégeaient de leur enchantement
Les mots
velours, amour, qui savent désarmer…
Ton sourire de larmes je l’emporte
avec moi,
Ta beauté, ta jeunesse, ce qui me fut donné,
Privilège
éclatant, ton amour, tes émois,
Et ces nuits de passion, ton corps
abandonné,
Ces aubes mystérieuses où l’on est invincible,
Où la
réalité remplace la chimère,
Et où la plénitude est rendue accessible
Où se confond le sein de l’épouse et la mère
Ces moments sans
lesquels, je n’existerais pas
Je te les dois mon âme mais j’en
reviendrai pas
Roger
Vidal