PLUIE SUR LA MER

 

 

La pluie est sur la mer comme larmes des cieux

Que verse dans le soir un ténébreux nuage.

Comme un voilier la vie, au déclin de son âge,

Accoste sur le quai des ultimes adieux.

 

Lorsque s'achèveront mes courses éphémères,

Le vent s'engouffrera dans l'écume des nuits :

Pour engloutir mon âme et ses rêves détruits

S'abîmera sans heurt le trois-mâts des chimères.

 

Mon coeur qui s'étiole à l'ombre des saisons

A résonné d'un brame aux abois de l'automne.

Une corne de brume, à l'accent monotone,

Etouffe le parfum des mortes floraisons. *

 

Je n'ai pas entendu l'écho de ma souffrance

Quand se sont tus les cris de mes vibrants appels ;

Ils voguent vers le bleu des lointains archipels

Où se brise, apaisé, le tourment de l'errance

 

Et, dans l'immensité, suivant l'ordre établi,

Une mer inlassable ourle au creux des mémoires

Sa dentelle d'argent sur des vagues de moires

Que déchire sans fin le ressac de l'oubli.

 

Monique Pierillas