Le temps

 

Quand la vie apparaît au matin qui la berce,

La seconde bénie où le temps s'est posé

Apaise la souffrance que l'oubli disperse

Comme le pollen d'or aux mains du vent puisé.

 

Tel un cheval fougueux, notre ardente jeunesse

Galope à la poursuite infernale du temps :

Mais il s'est emballé, l'instant d'une prouesse,

Et voici que, sournois, s'épuisent nos printemps.

 

Sur l'âge déjà mûr, sans sursis le temps glisse,

Le cheveu devient blanc et l'effort ralentit ;

La retraite a sonné, le coeur n'est plus en lice,

Tous nos proches s'en vont et le glas retentit.

 

Le geste est incertain, on fouille en sa mémoire

Des souvenirs perdus pour la postérité.

Puis l'horloge trébuche et l'ombre devient noire :

Au sablier des jours le temps s'est arrêté. 

 

Monique Pierillas