Ecoute, Ami...


Ecoute, ami, les grandes orgues de mon coeur :
dans sa cathédrale frémissante,
quand le vent s'enfle et s'exaspère,
ses cantiques, ses pleurs,
martèlent de leurs cris les secrets de son temple.

Parfois, dans les friches de sa mémoire,
un caillou d'amertume ricoche,
achoppe avec le passé ;
ligoté dans le piège tendu
par un écho trompeur,
mon coeur s'emmêle, alors,
dans l'écheveau de ses tourments.

Bruissements d'eau
sur les roches du temps
où la vague s'étiole
au jusant de sa destinée.

Ami, n'écoute plus battre mon coeur,
dans son berceau tremblant,
pris à la nasse des regrets,
il est le jouet d'une tempête qui hurle,
déchirant
la soie sauvage de mes nuits.

Serrure fracturée, porte battante,
la cage désertée s'ouvre sur le sable,
épouse le silence,
quand la vie immobile, scellée,
s'en est allée rejoindre
la note ultime de son chant.

Monique Pierillas