ASPIRATIONS
Ah ! monter vers l'azur où les
anges frissonnent
Dans le duvet nacré de leurs ailes d'argent...
Mon cœur
a ses raisons que tes raisons moissonnent
Et ne sait plus répondre à ton cœur
exigeant.
Je souffre à solfier sur des musiques mortes
L'hymne de
l'alouette en ses nouveaux sillons,
Mais la plainte du vent s'engouffre sous
mes portes
Et mon refrain se perd en mornes tourbillons.
De ma voix tu
n'entends que la note grinçante
D'un terne madrigal qu'altère un si bémol
;
Mes mots n'accrochent plus cette image passante
Qui s'élevait, jadis, au
chant du rossignol...
C'est vrai, le cri d'amour à notre ciel
décline,
Sur nos corps engourdis l'hiver a mis sa main ;
L'ode est
inachevée et la rime orpheline
Sans écho, ni mesure, entrave mon
chemin.
Ephémère je vis ; quand mes rêves fugaces
Raniment en secret
mes délires d'enfant,
Je plane comme l'aigle ivre de grands espaces
Pour
déployer, enfin, "mes ailes de géant".
Monique Pierillas 1998