Chevaux d' écume

Et quand j'aurai monté tous les chevaux d'écume
Qui se brisent au roc de mes entendements ,
Je ne serai qu'épave rompant ses gréements
Avec la voile vide où s'écrase ma plume .

Le goëland dira du soir qui se consume
Que la nuit sera longue à broyer mes tourments ,
Je ne suis que poète et quelquefois dément
De vouloir raisonner le vers avant l'enclume .

Je rêvais, ce matin, de roses dans la brume ,
Mais tous les cavaliers ont terni mon serment ,
Je n'ai que mon stylet pour un sonnet posthume .

Qui sera messager de ma lente amertume
Des autrefois perdus et des renoncements
Qu'exhale mon appel au sein de ce volume ?

Luc Bertal