retourà la liste - Didier Meral 

 

 

Sur la mousse endormie

à Germaine Legonie

 

Sur la mousse endormie, au mauve du matin

Se meuvent, insoumis, les orbes de l’aurore,

Le sel des larmes boit les perles de satin

Des rosées éployées au creux du sycomore

 

L’or du soleil levant coule en la brume rose.

Ô lune muette ! happée en son halo !

L’humide corne, las , gronde son chant morose :

Un navire, au lointain, aborde Saint Malo.

 

Terre, lourde du bleu des aromes nocturnes

En ton sein capiteux les effluves enfouis

Frémissent sous les rais de l’astre taciturne,

Attendant des oiseaux les chants évanouis

 

Aurillac sourira, cœur nacré du cantal,

Au voyageur perdu qui retrouve les puys,

Les saveurs qu’il connut, le thym oriental

Se dissipant soudain en présence du buis !

 

Sur le sombre granit des stèles endormies

Poserai la bruyère et le genet d’argent

A la grève du temps aux grâces renformies

J’irai muser au flux du doux chant résurgent

 

Le ruisseau rutilant et l’éclat des cascades,

L’étincelle du ciel sur l’aile du bouvreuil,

L’éclair dans tes yeux verts seront une muscade

Et leur baume apaisant adoucira mon deuil.

 

DM 2004

 

Musique : Cantique de Jean Racine - Gabriel FAURE (1845-1924).