retourà la liste - Didier Meral
L' Alcyon
à Lanédo, des mers de l'Ouest
Epave d’un géant gisant
sur le granit,
A la rive drossé,
sur les roches sauvages,
Gémit sous son linceul de feuilles d’aconit
Ce bateau fait du
bois que prisent les naufrages.
D’un dernier
flamboiement pas même de lambeau…
Lancé du bers jadis vers une mer si grise,
Sur la grève
déserte en son triste tombeau,
Aux flots bleus des
lointains rêve encor sous la brise…
Pas même l’oiseau blanc n’y a tissé son nid,
La carcasse
éventrée, au ressac insensible,
N’est que vaste
ossuaire où le varech jauni
Répand dans l’air
du soir son relent putrescible.
Saignant des flots
d’écume en ses flancs lacérés,
Il frémit au lever
de la brillante Arcture,
Flambeau des
matelots aux reflets éthérés,
Qui berce les
esquifs sans voile ni mature.
Le chuchotis des
eaux sur la laisse mourant,
De nochers disparus
au fond d’un golfe d’ombre,
Semble conter la
plainte et le chant déchirant,
C’est ce qui fait
au vent cette voix aussi sombre.
Didier
Meral
mai 2005
Musique : Enigma Variations Nimrod, op. 36 - Sir Edward ELGAR (1857-1934).