Rogomme

Sûr qu’il m’aurait fallu un peu plus de tendresse.
Une main se posant simplement sur mon front.
Peut-être un regard, apaisant ma tristesse,
Pour que sempiternellement, je ne sois en affront.

Avec un vaste monde aux mœurs trop singulières ;
Avec des philosophes adeptes du non-moi.
Avec des musiciens aras de leurs volières,
De m’as-tu vu trop tristes, falots et sans émoi.

Je suis comme je suis, mais d’être seul en somme
Vous permet des écarts en toute liberté.
Et cette façon d’être avec voix de rogomme
Vous classifie toujours sans libéralité.

Certains, parfois, imbus en amende honorable,
Se commettent hardis en de curieux couplets
Sur notre devenir, sur ces impondérables,
Qui font au quotidien un bonheur incomplet.

Ils sont très compassés ces chantres illusoires
Des modes et des idées qu’il ne faudrait heurter.
Ils s’instillent pervers en habiles infusoires
S’agitant mollement, sachant trop bien compter .

Et nous les subissons tous ces faiseurs de textes ;
Largement publiés par d’autres leurs convers ;
En états plumitifs garants de leurs contextes ;
Obnubilés laxistes marauds de l’univers.

Et moi je reste seul, mais d’être seul en somme
Vous permet des écarts en toute liberté.
Et cette façon d’être avec voix de rogomme
Vous classifie toujours , loin des banalités.

Charles SABATIER

31/10/2002

Illustration: OSSIANE blog - Flocons de tendresse