Philosophie
Post-Soixante huitarde


C’était en d’autres temps qui étaient formidables
On pouvait tous rêver l’avenir devant nous
D’une folle jeunesse altruiste trop affable
Laissée en liberté la bride sur le cou

Epoque ineffable que nous pouvions surprendre
Par des comportements ou des mots trop choisis
Et faire ces écarts ne pouvait pas prétendre
A nouveauté farouche dans ce monde transi

Mais l’était-il vraiment étroit cet univers
Que dans nos ciboulots de linotte rieuse
A l’aune de l’ennui nous jaugions à l’envers
Peu enclins à singer cette manie furieuse

Partout on s’employait avec talents divers
A bâtir des fortunes de choses illusoires
Et sans être blasés et même un peu pervers
On profitait de tout tacticiens dérisoires

A l’instar des beautés les époques se pâment
Des changements subtils auraient dû annoncer
L’aube de jours nouveaux, et les slogans que clament
Ces gogos exhortant les avides à foncer

Ces temps sont oubliés, tous leurs guerriers superbes
Maintenant peu soucieux à bien baguenauder
Avec une jeunesse ne fumant que de l’herbe
Sont tous très vertueux et pas prêts à vider

Un rien les met en transes il suffit qu’on entende
« Partagez vos acquits vous êtes tous nantis »
Se rebiffant alors et arguant la prébende
Ils s’érigent en conclave d’habiles mercantis

Mais nouveau temps fait naître autre mœurs c’est l’usage
Et ça et là portés par de subtils charmeurs
Nous reviennent idées de bien lointains voyages
Voguant sur des eaux troubles avec nefs sans rameurs.

De les voir bien à quai chacun craint la menace
Alors les dérouter devient un sport complet
« Qu’ils s’en aillent ailleurs pervertir d’autres races… »

C’est pour ces oublieux qu’est écrit ce pamphlet.

09/2001

Illustration: Eugène Delacroix - La Liberté guidant le Peuple