Mercure

J’ai mis mes bottes de sept lieux
Pour m’en aller courir ce monde
De merveilles en grand curieux
De le savoir bien trop immonde.
Dans des endroits aseptisés
Où misère toujours achoppe
Au capital dogmatisé
Et de provenance interlope.
J’aurai dû prudent baroudeur
Mettre des ailes à mes chaussures
Comme Mercure sans pudeur
Pour éviter que l’on s’assure
Que j’étais né du bon côté
De cette barrière invisible
Qui sépare le chat botté
D’un vulgum bien trop prévisible
Et de ne l’avoir fait me vaut
Aujourd’hui d’être en déshérence
Avec compagnie qui prévaut
En espoir de la récurrence
D’autres temps et Lois bonifiant
L’art de créer en lieu et place
D’un faux altruisme pontifiant
Qui fait toujours que l’on remplace
Créativité par argent !
Art de bien faire en productique !
Art de bien vivre en trop d’agents
N’ayant pour tout orgueil que trique
A vous balancer sur le nez
Si votre acharnement les tracasse
En leur futur, disant : « Venez
Voir ici comment çà se passe
Dans nos cités tout ce barouf
Qui fait tout les jours qu’on tabasse
Qu’on sanctionne qu’on met au gnouf
Qu’on tolère à plus dégueulasse
D’être maître pour du pognon
Et que vaincu de guerre lasse
Prendre encore et par lui un gnon ! »
Fait que notre vie on fracasse ».

J’ai mis mes bottes de sept lieux
Pour m’en aller courir ce monde
D’égoïsme trop malheureux
De le savoir bien trop immonde !

23/10/2003

Illustration: Peinture de Wojtek Siudmak, Mercure