LEMME

Un jour dans le métro… Si, si, cela m’arrive.
La foule m’avait mis à côté d’un TOTÒ
Je ne critique pas, mais il faut que j’écrive
Que ce quidam venait de gagner au Loto.

Les ondes de bonheur de se savoir très riche
L’ayant bien transporté au-delà du commun,
Il s’avisa, prudent qu’en rien je ne le triche
De m’avouer tout ça en se croyant immun

« Je reste coi Monsieur de ces égards divins
Qui ont fait de vous cela, mais d’être opiniâtre
De masquer votre état, d’oublier les nervins…
-Il suffit, me dit-il, je vais prendre un Théâtre !

-Il n’existe façon plus légale pour perdre
Tout votre bel argent avec beaucoup d’on-dit
-Fi de tous vos conseils Monsieur, je vous dis MERDRE ! »
Et à Place des Fêtes tout seul il descendit

En poursuivant ma route jusques à Télégraphe
Je songeai, s’il se peut qu’enfin de ce pactole
On tire quintessence de solide épitaphe
Employons-nous gaiement à garder le contrôle.

Le hasard ne fit point que l’on se rencontrât,
D’habiles intermédiaires étaient entrés en lice
Le soir de la première lorsqu’on me convia
C’était un de mes textes, fallait qu’on m’applaudisse

Je l’avais appelé « TATA SWING » oui !… Je crois !
Et de l’avoir porté tendre thuriféraire
Chez tous les décideurs sans qu’ils, -c’était leur droit-,
Le retiennent, n’était, pas une mince affaire .

Mais ouïssant drastiques, les coups du brigadier
Je sus qu’était lié le sort de nos deux mondes
Celui de l’écrivain, celui du financier
Pour aller l’amble avec, l’inusable faconde.

D’autres virent après moi, j’avais dû laisser place.
Du temps était passé ; un jour, dans le métro,
Ce Directeur revint grâce à la populace
Se mettre à mes côtés, tout ça était rétro.

A nouveau plein de fièvre de calculs et de tics
En me parlant sans fard de sa reconversion
« Pour me payer, dit-il, je joue au TAC o TIC
Mais ne gagne jamais c’est une perversion !

-Je ne vous permets pas Monsieur, dis je prolixe
De conseils puisque enfin ils ne me coûtaient point.
Les gens qui nous gouvernent préfèrent à des rixes
L’aléas doux des jeux pris à brûle-pourpoint. »

Je savais ce qu’était advenu son théâtre
Il n’avait pas rancœur de la situation.
« Je vous l’avais bien dit, il fallait qu’opiniâtre…
- Mais il suffit Monsieur, car voici ma station. »

Il ne descendit pas, seul, Place des Fêtes ;
Et depuis en binôme on hante tout PARIS
Vils, perfides et anxieux que tout ça ne s’arrête
Car du parisianisme on joue les ascaris.

19/10/00
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 Illustration: MASK (?)