Dynasties !

Un jour que j’étais fou, la chose vaut la peine ;
Je me pris à rêver que j’étais tout puissant.
Que j’étais enfin Roi, et qu’avec une Reine
Je menais en troupeau un monde trop bruissant.

Certes on me haïssait ! Mais trés cordialement.
Tous, oui je dis bien tous, quémandaient des prébendes ;
Au seul fait qu’ils servaient et Dieu seul sait comment,
Mon régime honni mais servant dividendes.

Tout en répartissant avec aléatoire
La manne qu’ils avaient, craignos, glanée pour nous,
J’ourdissais patiemment une place en l’histoire
Avec force exactions sans suer du burnous.

Et ma Reine, impavide, enfantait inlassable,
Des nuées de couvains devant tout aux Bourdons.
Si l’on me faisait cour c’est parce que inclassable
Je leur faisait garder le nez dans leurs guidons.

Mais parfois j’ouissais que quelques regimbeurs,
Venus d’on ne sais où se montraient très critiques,
Sur ma manière d’être et se voulaient tombeurs
D’une ploutocratie par trop démocratique.

Je vins pour les tancer, me souvenant à peine
Qu’un fou, même à lier, n’a pas tous ces pouvoirs.
Je voulus intriguer, j’en parlais à ma Reine,
Elle me traîta de fou, fin de non-recevoir.


23/01/2004

Illustration: MICHAEL CHEVAL