AUTISME



C’est comme un petit rien qui, d’étrange manière,
Nous fait paraître loin de ce tout un chacun,
N’imaginant en nous que vaillante barrière
Pour que de phrases ou mots nous n’en disions aucun.
Et qu‘en regards fuyants, âmes de nos mutismes,
Nous cherchions, in petto, comment communiquer,
Avec un monde étrange ne parlant que d’autismes,
De repli sur nous-même, de peur de paniquer.

Mais que savent-ils donc de tout ce qui se trame
Dans nos esprits féconds et pleins d’humanité,
Pour tous ces gens pressés de vouloir faire un drame
De tout, même de rien ? Habile urbanité
Pour ne point laisser croire, que notre différence
Serait quelque malheur, qu’on eut pu éviter
Avec beaucoup d’amour, exempt de déférence
Hors d’un cocon d’altruismes nous faisant léviter
Aux choses de la vie, leur beauté, leur laideur,
Et ces bontés divines oubliant génétique,
Nous incarnant en ça, ou derviches tourneurs,
D’une paranoïa, n’ayant que pour éthique
Affûtiaux de nantis, et gens trop bien portants.
Sûr d’eux mêmes, en tout, soucieux que ne leur vienne
L’embarras d’un autre être, omniprésent distant.
Aux standards de leur vie, trop anxieux qu’on devienne
Victime des non-dits, curiosités d’un monde.
Où tout est suspicion dés qu’on est différent,
Pour que l’on s’apitoie, châtre, enfin émonde
Ce qui est baliveau au taillis afférent.

S’ils savaient qu’aller l’amble avec la vie nous fait,
Avec parcimonie en faisant digression,
Aux fatras d’égoïsmes, êtres presque parfaits ;
Victimes expiatoires de nos vraies agressions.

17/10/2004
Charles Sabatier

Photo: Morgane, Louise, et Raphaël
( Louise et Raphaël sont mes jumeaux autistes, ont 11 ans).

Merci à toi, Charles, pour ces mots que je n'ai jamais pu écrire.