American Patrol
Afg-ânerie
Parfois, lorsqu’il
leur vient de lointaines nuées
Des petits points d’argent dans le soleil
couchant
Les femmes, les enfants, les vieux, de ces contrées
Craignent les
sauterelles et leurs fâcheux penchants
De tout bien boulotter partout où
elles se posent
Et de laisser ainsi en parfait abandon
Ce peu de devenir,
pour, tant d’autres qui osent
N’y pensant guère plus, envoyer quelques
dons.
« Depuis bientôt dix ans nous n’avons eus d’orage »
Râlait bien
circonspect et plein d’abnégation
Un hadj afghan priant, chaque jour, pour
l’adage
Racontant qu’infidèles avaient leurs rogations.
« Et que
viendraient manger ces petites bestioles
Dans ce désert contrit à force de
combats
Les gens et leur destin, l’avenir qu’on étiole
Venir de loin pour
rien, n’est raison ici-bas !
- Avec tout le respect que je dois à vôtre
âge
Dit une voix fluette d’une gurka ouïe
Je dois vous signaler que sans
être mirage
Ce sont là des avions, venue qui réjouit. »
Et pour les
regarder ils levèrent la tête
Sauvés des sauterelles ils paraissaient
imbus
Trop de sérénité les parant pour la fête
Mais en guise d’orage il
leur plut des obus.
2/11/2001
Photo
: DER
SPIEGEL Peter SCHNEIDER