Moi, Napoléon...


C'est vers toi Joséphine, et du fond de ma nuit,
Que s'évade mon âme à l'ultime soupir
Vers l’Empire meilleur elle espère sans bruit ;
Tu me manques ce soir bien plus que ce désir !

Un vif poison s’épand au sillon de mes veines,
Je ne puis point nommer ce mal qui me tenaille,
Est-ce le sang versé, fertilisant nos plaines
Dont je sens cette aigreur jaillir de mes entrailles ?

Ah… ! Ma petite Rose et tant tu les aimais,
Au sommet des coteaux j'ai scruté l'horizon,
J’imaginais ton corps et tes beaux yeux de jais
Ta grâce entre les fleurs en notre Malmaison.

Rien ne put m’empêcher jusqu’à ce jour funeste
Lorsque tu t’éteignis, d’arpenter les chemins
Quel que soit le climat, mes yeux cherchaient le reste
Des instants de bonheur à l’ombre de tes mains

Nul ne saura jamais combien j’ai désiré
Par-dessus tout, offrir à mon peuple et aux miens
Une Paix infinie en son sein déchiré
Par la haine et l’envie au partage des biens.

Nul ne saura jamais que par simple pudeur
Où par peur du rejet, ma tendresse je tus,
Cachant mes sentiments derrière une lourdeur
Tout était maladresse, on y voyait vertus !

Jamais ne dis, ma mie, à quel point, en souffrance,
De ma vie et mon sang, je leur ai fait le don.
Demain sur mon tombeau, se penchera la France,
Au-delà de l’exil, demeure le pardon.

Mardi 22 octobre 2002,

© Cécile VERHAEVER

 

Musique: Ouverture de 1812 – P.I. TCHAIKOVSKY